VOICI MON HISTOIRE

La première fois qu’Erin coucha avec un Homme, elle tomba littéralement dans les pommes. Mais, ce n’est pas forcément que ce vous vous imaginez.
Erin grandit dans une de ces petites maisons anglaises de la taille d’un placard, dans une banlieue de Liverpool où les murs étaient sales, où il ne faisait jamais soleil, une de ces anciennes villes industrielles abandonnées. Sa mère n’avait jamais quitté la ville où elle était née et travaillait comme serveuse dans une aire d’autoroute, en profitant pour subir des harcèlements sexuels de tous les chauffeurs de poids lourds qui pouvaient passer par là. Elle le déclara très tôt à Erin , elle n’avait aucune idée de qui pouvait être son père et n’en avait rien à faire. La jeune fille grandit alors sans réelle figure paternelle. Les seuls Hommes qu’elle voyait étaient ceux que sa mère ramenait. Ils pouvaient rester une nuit ou cinq ans. C’était presque devenu un mode de vie, une habitude de les voir au petit-déjeuner ou d’entendre les gémissements dans la chambre de sa mère, qui battaient avec aisance les cris de Maria Sharapova quand elle jouait au tennis. De plus, au lieu de se montrer protectrice et maternelle, la mère d’Erin la considérait plutôt comme une ‘copine’. Les moments tendres étaient rares, Erin pouvait sortir à l’heure qu’elle voulait et rentrer au petit matin si cela lui chantait. « Tu es jeune, amuse toi ! » s’écriait Ollie, la mère d’Erin, une bière à la main, en train d’embrasser un de ses amants de passage en marcel blanc.
Pourquoi chez les autres ce n’était pas le cas ? Aux rares goûters d’anniversaire où Erin était invitée enfant, les mamans étaient propres, câlines, faisaient des gâteaux au chocolat, grondaient les enfants qui mettaient les pieds sur la table et chantaient des chansons. Très vite, la jeune fille eut un sentiment d’infériorité. Elle se réfugiait dans ses études, avait des notes brillantes, constituait une bonne première de la classe. Elle aurait pu facilement intégrer Oxford. Mais Erin n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire. Elle n’avait goût à rien. Elle se sentait vide, lassée de tout. Et puis pour quoi faire ? Elle n’était qu’une petite bâtarde d’une petite banlieue de Liverpool, sans aucun soutien.
Puis, le drame arriva. Le jour de ses dix-sept ans. Elle passa la soirée dans sa chambre, à écouter Radiohead tout en lisant sur son lit, habillée d’une jolie robe noire qu’elle avait piqué à sa mère. Malgré quelques timides tentatives de ses camarades de classe pour qu’elle fasse une soirée, Erin avait refusé. Elle avait honte de sa maison, de sa mère, de son mode de vie. En parlant de sa mère, Ollie rentra vers minuit du travail et à en juger le boucan en bas des escaliers, elle devait être accompagnée d’un Homme. Le couple monta les escaliers en riant aux éclats et en passant devant la chambre de sa fille, Ollie l’ouvrit en grand. Elle avait oublié l’anniversaire d’Erin. « Saluuut toi. Je te présente Henry ! Je lui ai dit que j’avais une fille, il voulait te voir absolument ! » Elle repartit en riant, la jeune fille n’avait même pas levé les yeux et ne put alors voir le regard insistant que ce certain « Henry » portait sur elle, dévorant ce petit bout de femme des yeux. Elle se mit rapidement au lit, s’endormant tôt, décidée à se laisser emporter dans des rêves loin de sa vie triste et monotone.
Le grincement de sa porte qui s’ouvrait la réveilla vers les trois heures du matin. A peine avait elle ouvert les yeux qu’elle sentit un poids sur son lit et une respiration d’Homme. Paniquée, Erin tâta le mur pour trouver l’interrupteur, mais sa main froide fut vite interceptée par une autre main plus forte. Elle n’arrivait à rien voir dans le noir et essaya rapidement de se dégager, mais la force d’Henry l’empêchait de faire le moindre mouvement. Elle voulut hurler mais sentit qu’on lui mettait avec violence une chaussette dans la bouche. Les larmes coulèrent sur ses joues très rapidement et elle tentait d’hurler par tous les moyens, mais ne sortait de ses lèvres qu’un son étouffé. Il lui enleva alors son bas de pyjama, sa culotte et fit ce qu’il voulait faire. A peine Erin eut-elle senti la moindre petite chose qu’elle s’évanouit. Henry eut alors la liberté de faire tout ce qu’il voulait pendant une bonne demi-heure puis laissa Erin, à moitié inconsciente sur son lit.
Le réveil fut difficile. Erin pleura pendant toute la nuit, recroquevillée sur elle-même et ce fut au bout de longues heures que paniquée, elle alla sous la douche, décidée à se purifier le plus possible. Elle frotta vigoureusement toutes les parties de son corps avec du savon en pleurant, les larmes coulant avec abondance. Elle avait honte d’elle-même. Quand elle mit un pied dans la cuisine à midi et demi, Henry n’était pas là. Sa mère était en peignoir, en train de fumer une cigarette devant une tasse de café. Elle aperçut Erin, habillée, les yeux rouges et les cheveux trempés. « Ben, Erin, pourquoi tu pleures, putain ? » lança elle en se levant brusquement. « T’es pas un bébé que je sache ? » Erin, tremblant, n’osait pas bouger. « Il est encore là…celui d’hier ? » demanda-elle d’une toute petite voix. Sa mère lui lança un regard interrogateur et éclata de rire. « Ah, Henry ! Oui, oui, il est parti tôt ce matin. Mais bon, très mauvais coup, hein, pas sûre qu’on se revoit…pourquoi ? » Erin s’approcha d’elle et posa les mains sur la table, paniquée. « Maman…il est venu , cette nuit…me voir…et…il…a…il…a… » Elle n’arrivait plus à parler tellement qu’elle suffoquait. Ollie lui jeta un air interrogateur et se leva d’un coup. « Quoi ? Il t’a fait quoi ? » Elle attrapa le poignet de sa fille et Erin lâcha alors d’une traite «..m’a violé. » Elle n’avait personne à qui parler. Sa mère était la seule issue qui pouvait l’aider, la soutenir et la sortir de ce sentiment de honte qui l’envahissait. La gifle qu’elle reçut fut violente et Ollie la poussa sur une chaise. « Petite conne. Ne dis pas des choses comme ça. Ah, tu rêves hein, de te faire sauter alors t’inventes n’importe quoi ? Tu sais même pas ce que c’est. Sale menteuse . »
Vous vous rappelez quand on pense qu’il n’y avait pire moment que celui qu’on vient juste de vivre ? Hé bien Erin venait de trouver pire .

II And the fact is that you will never, never forget.



Madame Alvaney,
Je vous confie une de mes patients, Erin Melissa Heddinton, née le 14 Avril 1995 à Liverpool et actuellement sans domicile fixe, passant pourtant la plupart de son temps dans un foyer pour jeunes en difficulté. Cette jeune fille s’est retrouvée dehors après que sa mère l’ait chassée, suite aux accusations de viol de sa fille sur un des compagnons de Mademoiselle Heddinton. Ma patiente est devenue dépressive et en est à sa troisième tentative de suicide. Souhaitant éviter l’internement qui me paraîtrait pourtant nécessaire, je vous la confie. Nous avons réussi à exiger de sa mère une pension pour payer son séjour ici, qui je l’espère, la remettra dans le bon chemin. Je ne sais pas si ces accusations de viol sont réelles et méritent le fait qu’on s’y attarde, mais ma patiente est très perturbée.
Mademoiselle Heddinton est incontestablement, une des personnes les plus intelligentes que je connaisse. Contrairement à beaucoup de vos patients ici, elle n’est pas dangereuse pour les autres et il ne faut pas la qualifier de délinquante. Je pense que c’est une jeune fille qui a besoin d’un cadre strict, d’être écoutée et de pourquoi pas, tourner ses pensées vers le seigneur. Elle est surtout dangereuse pour elle-même. Assez timide, je suis certain que vous pourrez la recadrer comme il le faut. En cas d’échec, c’est incontestablement l’hôpital psychiatrique qui l’attend. Ses crises de larmes sont constantes mais je pense, que dans un lieu comme le vôtre, elle pourra reprendre confiance en elle et ainsi, sortir de ce cercle vicieux dont elle est victime.
Cordialement,
Docteur Jack Asher.

J'AI QUELQUES ANECDOTES
Erin a toujours refusé de prendre des anti-dépresseurs et ne se pense pas dépressive. Elle se pense tout à fait sainte d’esprit, ce qu’elle est mais ne comprend pas pourquoi tout le monde la considère comme folle. Elle voudrait seulement qu’on croit ses accusations.

Elle voue maintenant une haine sans faille à sa mère qui l’a chassée de la maison avec ses affaires. N’ayant pas d’autre famille, elle n’a pas eu d’autre choix que de dormir dehors.

Elle a testé tous les squats de Liverpool et a trouvé quelque fois quelques oreilles attentives qui ont su l’écouter un peu sans pouvoir réellement l’aider.

Le lycée lui manque, même si elle n’avait pas beaucoup d’amis.

Elle a supplié son psychiatre de ne pas l’interner, préférant encore aller à St Gregorian, dont la lettre.

Depuis le viol, elle n’a jamais porté de regard sur un autre Homme et tente de prendre le plus de distance possible avec les autres, méfiante.

DERRIÈRE L'ECRAN
afterhappyhour, soon twenty y.o. Etudiante en science politique, départ proche pour l'Australie pour une année d'études à l'étranger, Lyon. Le cinéma, le vintage, la musique et la farniente.